Musicke & Mirth
Susie Napper et Margaret Little, violes de gambe
Musiques anglaises pour violes, de Tobias Hume aux Beatles
«Entre la tendresse du jeu de Margaret Little et la vive expressivité de Susie Napper, ces partitions laissant une grande part à l’interprétation et la créativité, révélaient toute leur poésie. Le chant des deux violes était comme un duo d’amour, porté par l’harmonie des sentiments et la justesse des jeux.»
J.M.C., l’Indépendant.com, Perpignan, France, septembre 2008
De tout temps, la musique et l’allégresse sont au cœur de la culture anglaise! Tobias Hume serait le modèle de Sir André Grisemine, un personnage comique de La Nuit des Rois de Shakespeare. Ce bouffon en jarretières jaunes est la risée de toute la maisonnée. En fait, Hume est un mercenaire qui combat tour à tour dans les forces armées danoises, polonaises et espagnoles. Il écrit que son efféminement se limite à son jeu à la viole! Combattait-il en jarretières jaunes, la viole à la main? Il finit ses jours dans la pauvreté à Westminster, n’ayant que des escargots et des orties pour aliments et pas un penny pour s’acheter un habit convenable, écrit-il. Mais il laisse deux extraordinaires livres de musique pour violes, qui ont une place de choix dans ce concert.
Hume est, de toute évidence, l’un des premiers grands virtuoses de la viole, à une époque où le répertoire écrit comprend surtout de la musique pour consort de plusieurs violes. Son flambeau est repris par John Jenkins, le compositeur de musique pour viole le plus brillant et le plus prolifique de son temps, qui atteindra l’âge vénérable de 85 ans, survivra à la Grande Rébellion et à l’interrègne anglais et verra même le couronnement de Charles II. De même, Jenkins suit de près l’évolution des goûts musicaux du XVIIe siècle, composant des consorts, des divisions et des suites de danses françaises, selon le style à la mode. Son contemporain Christopher Simpson a laissé, outre d’étonnants exemples de divisions pour violes, un traité qui éclaire toujours ses admirateurs, plusieurs siècles plus tard.
Le programme Musicke and Mirth comprend aussi un des derniers duos pour violes connus du répertoire anglais. On le doit à Finger, qui, comme Haendel, était un immigrant au sein de la culture des Îles enchantées. On y entendra également une des plus récentes Fantaisies du Nouveau Monde sur un air désormais traditionnel de la pop britannique, I Am the Walrus, des Beatles!