Contrastant avec l’opulence de l’opéra-ballet ou des Vingt-quatre Violons du Roi, la musique de chambre joue un rôle de premier plan dans la vie de cour. Avec l’âge, Louis XIV s’intéresse davantage à la musique jouée dans ses appartements qu’aux grands spectacles qu’il concevait avec Lully dans sa jeunesse. L’extraordinaire héritage de la musique de chambre du XVII^e siècle nous offre un langage musical des plus émouvants. Cette musique évoque un monde intime qui privilégie une liberté d’expression sans précédent et délaisse la face publique du Grand Siècle pour en illuminer la face privée.

Comme la plupart des musiciens de l’époque, François Couperin est issu d’une famille de musiciens et mène une vie bénie par la fortune. Tenu en haute considération dès sa jeunesse, il exerce rapidement un emploi lucratif, épouse la fille d’un aristocrate et obtient même du roi, en 1715, un privilège d’édition de 20 ans qui contribue à sa renommée et lui apporte une petite fortune.

Couperin et sa compagnie font partie du cercle des initiés de Versailles; tous « ordinaires de la chambre du Roi », ils sont la crème de la crème des musiciens de cour. Ce sont tous des compositeurs et interprètes qui produisent de la musique pour eux-mêmes et leurs collègues, et, bien entendu, pour le plaisir du roi.

Dans ses nouvelles suites, qu’il appelle « ordres », Couperin, tout comme Marais et Rameau, réunit des pièces de caractère apparentées par la tonalité, le titre et l’atmosphère, ou reliées par une intrigue.

Le présent programme d’ordres, qui souligne le 350^e anniversaire de la naissance de Couperin, regorge de fantaisie, de plaisir et de sentiments. Louis XIV l’aurait certainement apprécié!